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Le Dépossédé de Paul Montfar

« C’est de ce jour, je crois, que ma débâcle a commencé. »

Le Dépossédé, Paul Montfar

TEXTE : PAUL MONTFAR

MISE EN SCÈNE, CONCEPTION SCÉNIQUE, COSTUME  : FRÉDÉRIC BARRIERA

COMÉDIEN : OLIVIER BONNEFOY

COMMUNICATION : MIKA AUDIBERT

 

Partenaires

Conseil départemental de la Manche ;
commune d’Anneville en Saire (Manche);
Cité théâtre, Caen (Calvados);
En phase de recherche d’autres partenaires

Une tragédie contemporaine ?

Un homme seul. En prise avec un Lui dont les contours demeurent incertains mais dont la présence se fait de plus en plus inquiétante. Un combat d’autant plus saisissant qu’on ne comprend pas qui est cet ennemi. Une lutte intérieure ? Les propos de l’homme nous font revivre sa faillite professionnelle, depuis les débuts de son agence immobilière jusqu’à sa chute, sa faillite familiale avec sa femme et ses filles, sa faillite personnelle, sa dévastation physique et morale. On comprend que ce Lui, peut-être une sorte de double, n’est pas totalement étranger à cette succession de faillites. On comprend aussi que l’homme n’a d’autre choix, dans un dernier sursaut, que d’en finir avec ce Lui. Le Dépossédé officie comme un rituel s’enracinant dans les profondeurs archaïques de l’inconscient.

Note de l’auteur

Ce texte, je l’ai écrit d’un coup, comme un jaillissement. C’est comme la brûlure que laisserait la lanière d’un fouet sur la peau. Il a surgi sous forme de récit à la première personne avant d’être totalement retravaillé pour la scène. Ce premier travail de réécriture m’a permis de dégager le magma qui coulait sous la croûte narrative de la première version. Avec le comédien, en répétition, le texte ne cesse de se resserrer vers son cœur, son noyau incandescent. Le texte, in fine, continue de s’écrire sur scène, dans un corps, une voix, une présence. A ce stade, nous ne savons pas encore quelle trajectoire dramatique va s’imposer à nous finalement. C’est le travail de plateau qui nous guide. Avec, pour seule boussole, la nécessité d’une trajectoire simple, évidente, parfois d’une grande banalité, mais toujours doublée d’une épaisseur qui vient en brouiller les frontières, laissant entrevoir des abîmes nichés au cœur même du quotidien.

Note de mise en scène

La mise en scène n’a pas été préconçue, elle se fait à mesure des répétitions, à tâtons, à partir du texte qui à la fois nous conduit et se réécrit sur le plateau. Le dispositif scénique ne cesse d’évoluer au fil des répétitions. De même que les directions de jeu. A ce stade du travail, on ne peut dire ce qu’ils seront finalement même si, depuis le départ, une certaine logique à l’œuvre ne s’est encore jamais démentie et tend à s’affirmer avec toujours plus de netteté. Il nous faut néanmoins parcourir toute la trajectoire pour, rétroactivement, finir par trouver la forme « définitive » de ce travail.

Ce qui nous est apparu, c’est qu’il fallait assumer une part de non-jeu, une certaine forme d’anti-théâtralité. Chaque fois que le je(u) prend le dessus, l’écoute s’émousse. Cela nous conduit à une certaine radicalité théâtrale. Une radicalité que nous n’avons pas anticipée mais que nous accueillons avec bonheur comme un chemin d’exploration à parcourir. Non par simple curiosité mais avec un sentiment de justesse.

Une des difficultés réside sans doute dans la polyphonie conflictuelle qui sous-tend le texte. Il faut aussi se méfier de l’incarnation, de la psychologisation, sans en faire totalement l’économie. Et accepter de s’aventurer dans des zones dangereuses du psychisme, tant pour le comédien que pour le spectateur.

Il y a de la jubilation dans ce travail, une jubilation sourde, contenue, mais réelle. Sans doute liée à une certaine prise de risque. Comme lorsqu’on assistait, au cirque, avant que les filets de sécurité ne soient rendus obligatoires, à un numéro de funambule durant lequel chaque spectateur retenait son souffle. Chaque pas mettait en danger. Un faux pas, et c’était la chute mortelle.